Attendu comme le Messie par une partie des festivaliers, redouté par les autres, Die My Love a été présenté avec sa myriade de stars : Jennifer Lawrence, Robert Pattinson, Lakeith Stanfield, Sissy Spacek et Nick Nolte.
Malgré les vedettes, pas de doute, on est bien chez Lynne Ramsay. Du cinéma viscéral, mal-aimable et à la frontière de l’expérimental. Die My Love revient à un récit de mère, 14 ans après We Need To Talk About Kevin. Cette fois, ce ne sont plus les liens filiaux, mais les liens maritaux qui sont disséqués, du point de vue d’une femme au foyer en pleine désintégration mentale.
Adapté du roman Crève, mon amour (2012), premier roman de l’écrivaine argentine Ariana Harwicz, transposé de la campagne française à la campagne américaine, est un bad trip hystérique et tonitruant, où Jennifer Lawrence donne de toute sa personne : nue, écorchée, humiliée, démente. Un tour de force qui vire à la démonstration une fois que le film aura épuisé ses cartouches.
Grâce à un enfant, elle s’ennuie et soupçonne son mari d’infidélité tandis qu’elle-même, en manque d’amour et de sexe, se met à fantasmer sur le biker du coin. Moment crucial du film : un flashback où Grace, qui accueille les parents de Jackson dans sa nouvelle maison, offre une valse nocturne au père aliéné, comme un transfert du mal-être psychologique.
Die My Love enchaîne alors les moments de pétage de plomb de Grace, sur fond de musique assourdissante. Grace se met à quatre pattes et imite un lion, aboie sur le chien insupportable imposé par Jackson, lèche les vitres, se mutile, hurle à la mort et tente de se suicider. Pour certains, c’est marrant cinq minutes et l’énergie punk du film se court-circuite d’elle-même sur 2h une fois qu’on a compris qu’il s’agit du seul recours scénaristique du film (ça et un pseudo-adultère avec le voisin dont on devine qu’il est fantasmé). Et de fait, pour ces mêmes certains, Die My Love vire donc au délire immature et faussement subversif, ceci malgré l’implication jusqu’au-boutiste des acteurs (on parie sur un prix d’interprétation pour JLAW) et une forme loin d’être désagréable (les vertus du très rare Kodak Ektachrome), bien que le montage au hachoir rende l’expérience à la limite du digeste.
Un film finalement plus proche de Mother! de Darren Aronofsky que des illustres itérations de mères au bord de la crise de nerfs de l’histoire du cinéma : Antichrist, Une Femme sous influence ou De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites.
Il y a aussi une autre partie de la rédaction qui ne déteste pas la chose et c’est exactement pour ça qu’on aime Cannes : se faire cueillir, au contraire, par un pur film de sensation, déclarant la nique à toute idée d’intrigue préétablie, sorte de plongée cauchemardesque au plus profond de nos (im)pulsions primaires. Le résultat, controversé y compris chez nous, l’est tout autant dans notre Palmomètre.)
–> Et ben, en voilà un film qui m’intéresse fort.